À contre-jour

Imposture

Ce que j’apprécie aussi, dans JI, c’est de pouvoir lire d’autres vies, d’autres histoires. D’autres problèmes, peut-être, finalement. En tout cas, curieusement, même si je lis parfois des choses tristes ou difficiles, ça me redonne de l’espoir, de l’espoir en l’humanité.

Encore un soir où je me maudis de ne pas être plus sociable. J’aurais vraiment aimé pouvoir sortir, juste un moment, prendre un verre avec un(e) ami(e).

J’ai toujours été seule. Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi, et pourtant je me suis bien torturée avec ça. Mais avec le temps, je crois que j’ai fini par renoncer complètement. Trop de blessures, trop de déceptions, trop d’abandons. Petit à petit j’ai construit l’armure. À présent, elle fait partie de moi. Je ne m’approche jamais trop près et j’évite de laisser les autres s’approcher également. Comment, alors, pourrais-je communiquer ? Le rempart est devenu prison.

La plupart du temps, je vis très bien comme ça. Totalement dans le superficiel, je donne le change. J’ai appris, et j’apprends encore, les us et coutumes. Ce qui se dit et ce qui ne se dit pas. Très bien. En général, on me fout la paix. Quand ça ne suffit pas, il m’arrive encore de montrer les dents. Mais ça aussi, j’ai appris : il y a toujours un retour de bâton, donc j’évite, le plus possible.

Je donne si bien le change que sur le papier, je suis bien entourée. De la famille à proximité, une communauté professionnelle, quelques amis éloignés mais présents, et même un petit ami. Finalement, je n’ai peut-être jamais été si peu seule.

Mais il y a cette sensation étrange qui ne me quitte pas : l’impression d’être une étrangère pour eux tous, l’impression d’être constamment dans l’imposture, de ne jamais être réellement moi-même avec eux.

Et du coup, l’impression qu’ils sont des étrangers pour moi, des imposteurs eux aussi.

Ca fait un moment que ça dure à présent et parfois, comme aujourd’hui, je me dis que je vais exploser. Je me demande si finalement, ce n’était pas plus facile d’être totalement seule et si ce ne serait pas plus facile d’être une "vraie" étrangère. Je sais bien quelle est la tentation derrière tout ça, parce que c’est quelque chose que j’ai déjà fait si souvent : tout détruire et tout recommencer, loin, ailleurs.

Fuir.